11.2.08

10:20 AM : I hate you *so much* right now...

Citation du jour : "Putaaain, mais j'en ai trop marre ! Faut toujours que je te fasse tout faire moi-même !". Oui, elle est de moi, et je l'aime beaucoup.

Avant toute chose, ou plutôt avant de lire ce qui va suivre, sachez que je ne suis pas étranger aux ronflements en tous genres. Tel le marine revenant du Viet-Nam qui explique que "you don't know man, you weren't THERE, man !", je tiens à ce qu'on m'accorde le bénéfice de la crédulité, parce que je suis un vétéran et un survivant d'une longue lignée de ronfleurs.

Ma grand-mère, étudiée au cours de ses (aujourd'hui plus nombreuses qu'hier, avec le temps va tout fout l'camp) nombreuses mini-siestes surprises, ronfle un peu, mais surtout a cet horripilant petit claquement des lèvres régulier, comme si elle appréciait la plénitude de son sommeil. Ca vous donne un genre de "rrronn... gnoc, gnoc, gnoc. Rrrrrooon... gnoc, gnoc, gnoc" métronomique, paisible, qui ferait presque plaisir à entendre. Le sommeil du juste, savouré, tout ça. Ma mère, elle, est plus furtive, je ne sais même pas si on peut vraiment appeler ça ronfler, mettons qu'elle respire très fort, d'un ton sifflant. Imaginez Dark Vador en moins intimidant. Quand à mon père, c'est un train de munitions quasi-caricatural (essayez de dire ça très vite), alternant grondement ferme et décidé et chuintements sous pression. Le "BRRRRROOON...pchuiiiiiiii" des Walt Disney. Celui qui rend absolument impossible toute véléhité de sommeil. Le lendemain, les yeux rouges encore de sommeil, on ne sait pas quoi répondre à son "ben pourquoi t'as mal dormi, fiston ?!" ingénu.

Tout cela aurait du me préparer, me fortifier, m'endurcir. Et en un sens, ça l'a fait : il est aujourd'hui absolument impossible de me réveiller, dans aucune circonstance, sans un bon quart d'heure d'effort. Je sais trop bien ce qui arrive aux newbies qui font la boulette de sortir du sommeil profond au milieu de la nuit : on les ronfle à mort. Orages, trains, bébés braillards, guerres nucléaires : m'en fous, je dors.

Jusqu'à Mandarine.

Elle ronfle avec une perversité que jusqu'ici je n'avais encore jamais rencontrée, voire conçue. C'est que, voyez vous, non seulement elle ronfle, mais qu'elle a une batterie de ronflements divers et variés. Elle les a tous. Elle a le train de munitions qui se réverbère dans la baie vitrée, le radiateur, les murs, le lit, et qui vous secoue alors que vous êtes assis à votre PC à 3 mètres du plumard. Elle a le chuintement juste à la limite de l'audition qui envoie des secousses électiques le long de votre colonne vertébrale. Elle a le "gnoc, gnoc, gnoc" satisfait d'elle même qui donne envie de gifler. Mais cela, tout cela encore, n'est rien.

Car voyez-vous, on peut s'habituer à n'importe quel bruit de fond, et s'y endormir peinard. Même le "po-tok po-tok. po-tok po-tok" des trains restent métronomiques et vous bercent presque dans leur insupportabilité. Mais Mandarine, comme l'horloge du Patricien, arrive à réaliser le concept de la régularité irrégulière. "RRRRROOOON... RRRRROOOON..ROOOOON.ron....pshuiiiii...RRRRROOOON.rrron.ron.ron.....RRRRRROOOON. Gnoc.Gnoc.Gnoc."

A vous transformer la cervelle en beurre rance. Et j'ai tout essayé, hein. Lui pincer le nez ? Baffe dans ma gueule réflexe. La secouer ? 10 secondes de répit. Ce qui ne fait qu'ajouter à l'irrégularité du truc. Siffler ? HA ! J'ai été jusqu'à lui siffler entre mes doigts a 120 decibels direct dans l'oreille. Elle s'est tournée sur le côté comme le premier mâle post-orgasmique venu. La seule chose qui marche, c'est quand je pête un plomb et que je crie "PUTAIN MAIS MERDE !" ou quelque chose d'approchant, ce qui la réveille pour de bon, en rogne, et me hurlant hystériquement "non mais ca va pas mais qu'est-ce qui te prend pauvre malade ?", ce qui résulte généralement en une fin de nuit (et une journée suivante) de merde. La savoir fulminer juste à côté aide pas du tout à dormir...

Hier, elle m'a dit que j'avais des heures de sommeil incompréhensibles, trois heures par ici, dix-neuf par là. Elle avait l'air sincèrement perplexe.

Vous croyez que je peux plaider la légitime défense ?

PS : Il est évident que je ne ronfle pas, jamais. La preuve, c'est que je me suis jamais entendu ronfler. Alors hein.
PPS : Et là, ce petit coin de nature me parait l'endroit idéal pour caser un Pratchettism : "Marriage is when two people are prepared to swear only the other one snores."