18.6.07

3:01 AM : Save the world

kill a man.

Vous vous en serez déjà sans doute rendus compte, j'ai beaucoup de mal avec les écolos. Mon slogan "finissons en avec les derniers pandas !" vous aura peut-être mis la puce à l'oreille. Pour être tout à fait franc, l'écologie me fait peut être un tout petit peu moins chier que les écolos eux-mêmes, confits dans leur petite bulle d'auto-béatification.

Pourtant, je pourrais déja tirer à boulets rouges sur le principe, l'idée même du geste écologique, et la réthorique qui va avec. Parce que l'écologie n'a RIEN à voir avec l'amour de Mère Nature, et à vrai dire les 3/4 des écolos que j'ai pu rencontrer n'ont jamais foutu les pieds dans un champ de purin pour sentir la bonne odeur de Mère Nature en plein boulot. Pas plus qu'elle n'a à voir avec cette espèce de zoophilie non-honteuse que prônent les gens qui ont des chats, et qui encore une fois ne se sont sans doute jamais fait éventrer par les mignons petits ours en voie de disparition qu'ils ont courageusement réintroduits dans les belles montagnes des cartes postales. Je l'ai déja dit, je le redis encore : l'écologie c'est pas "sauvons la planète", c'est "sauvons nos culs". Point barre. C'est "ah merde, vivre comme on le fait fout tout en l'air, mais hey ! Si on remet un peu en place comme c'était avant, on peut continuer, non ? Personne y verra que du feu.". C'est l'approche tout sous le tapis du grand ménage.

Et c'est peut être précisément ce qui me casse les burnes chez les messies verdâtres. Tenez, prenez une croisade de soirée mondaine lambda : le tri des déchêts. Je prends cet exemple parce que j'ai récemment du traduire une bonne grosse page de PR d'une assoc' qui démarche les écoles françaises afin d'enseigner aux bon petits enfants de France comment faire son petit geste écologique, chez soi, sans bouger les oreilles, en aillant le grand courage de faire l'effort de trier ses ordures. Grand moment de honte personnelle, tu as vendu ton honneur Kobal. Même si c'était juste pour un partiel.

Parlons déja de la simple réalité du truc. Je sais pas si vous vivez dans un immeuble qui trie, moi si. Par contre, je trie pas. Par contre, il m'arrive relativement souvent d'être réveillé, ou plutot pas encore endormi, à 5h du matin. L'heure, donc, où Paris s'éveille, à commencer par ceux que le grondement du camion des éboueurs tire du lit. Eh ben vous savez quoi ? Vos 5 bennes triées sur le volet, la verte pour le verre, la bleue pour le papier ? Elles finissent toutes dans le même gros tas de merde dans le même camion qui pue et qui fait un barouf du diable. Y'a pas plusieurs équipes qui passent, y'a pas plusieurs compartiments dans le camion. Vous triez, ils rebordélisent. Cela suffirait à démontrer le plus simplement du monde que votre sacro saint tri est du foutage de gueule de A à Z.

Mais ce serait user de facilité - les faits ? Bah ! C'est pour les pédés. Moi et George W Bush on travaille plus sur l'idée, le concept, le buzzword. Et justement, le concept même du tri pue de la gueule comme le premier chat mort venu. Parce que vous êtes arrivés à vous convaincre que le problème de la société occidentale peut être résolu (ou minimisé, pour les cons-mais-un-peu-moins-que-les-autres) en donnant un coup de pouce aux gens qui bossent à la décharge et qui, donc, retrient tout le bordel que vous aviez déja (mal) trié et que la mairie a re-bordelisé. Parce que vous vous dites, sérieusement et sans la moindre auto-dérision, qu'en triant vos ordures, vous avez fait Un Geste, vous êtes donc absouts de tous vos pêchés, et si tout le monde faisait comme vous le monde irait mieux. C'est pas plus con qu'une confession, vous me direz. Et donc, vous pouvez vous la jouer, et bien enfoncer votre Geste dans le museau du beau salaud qui n'est pas aussi noble et beau que vous. Jamais il ne vous viendrait à l'idée que peut être, peut être le problème n'est pas tant que vos poubelles sont mal rangées, mais qu'elles sont gigantesques, gargantuesques même, et qu'aussi monstrueuses qu'elles puissent être, elles ne représentent qu'une infime partie de votre crasse, une toute petite tumeur du gros cancer généralisé ultramétastatique que vous causez par votre simple existence.

Peut être que ce que vous devriez faire, c'est pas mettre la boite en carton d'un côté, les 812 emballages individuels de l'autre, mais simplement exiger que vos biscuits ne soient pas emballés dans tous les sens. Peut être qu'au lieu de bouffer du Findus et du surgelé et du plat préparé, vous pourriez aller au marché, plus loin, plus cher et moins pratique que le Franprix d'en bas de chez vous certes, mais tellement moins suremballé, surpréparé, surpolluant. Peut être aussi que vous pourriez éviter d'aller au supermarché sus-dit en bagnole, il est à 800 mètres, ca vous ferait du bien de marcher un peu, et peut-être aussi que si vous vous les coltiniez sur 800 mètres, vous achèteriez pas 15 livres de steak. Peut être enfin qu'en arrêtant de faire 15 gosses, de regarder la télé ou le 'ternet 24/24, de bouffer comme 12, d'aller faire du ski en Suisse ou de bronzer à L.A., bref, en arrêtant d'être des parasites, vous feriez une petite différence. Et encore.

Ce serait en tout cas un peu moins hypocrite, et j'aurais peut être moins envie de vous coller des parpaings non-recyclables dans la gueule. Après, moi je m'en fous hein, comme je l'ai dit, l'écologie je m'en secoue un peu les roupettes avec un écrou de 12. La société occidentale n'est pas viable et je ne l'aime pas, elle est bâtie sur un monceaux de cadavres HUMAINS (Oui parce que la défense des pov' petits animaux choupinous qui souffrent et que c'est bien cruel, ça aussi ça me les brise.) et si je peux accélérer son entropie en ne faisant pas de Petit Geste, tant mieux. Juste, vous passeriez peut être un peu moins pour des buses.

Enfin bref, asi es ma vida loca.

PS : Evidemment, ce post a aussi été inspiré par le dernier de chez no.logos, qui a non seulement su faire ressurgir une vieille colère, mais surtout mis en mots compliqués mais en pensée claire ce qui ne m'évoquait qu'une haine générale et indéfinie. Du coup, pour remercier spino, j'lui ai piqué des bouts d'idées et je les ai maquillées comme autant de putes volées, avec mes mots à moi. HA ! Sucker !


9.6.07

10:05 AM : A la traine

I can no longer sit back and allow Communist infiltration, Communist indoctrination, Communist subversion and the international Communist conspiracy to sap and impurify all of our precious bodily fluids !

Ante Scriptum : Bon, j'avais deux posts qui me tournaient dans la tête depuis deux semaines, alors je vous en fait un parce que j'ai vraiment rien d'autre mais je vous préviens hein : c'est chiant. Et très possiblement complètement con. Endiamo.

Je l'ai déja dit, je suis d'ordinaire fermement opposé à l'idée selon laquelle, mettons, jeux vidéos violents => joueurs violents, ou simplement qu'on peut attribuer aux médias et à la pub un quelconque impact à long terme. Ce que j'écris, ce que dit Pujadas et les gerbes de sang du premier Doom venu, tout cela sera oublié dans les 12 heures qui suivent, avec peut être une résurgence de temps en temps quand une coïncidence quelconque vous rappelle un mauvais post. Bon.

Pourtant, la perfusion de films et de série booooorn in the USAAAAA sous laquelle est la France depuis, oh, mettons, 40 ans, a possiblement eu un impact un peu plus profond sur elle que je ne l'imaginais, puisque ce qu'on vient d'élire c'est, fondamentalement, toutes les caractéristiques du rêve américain dans un costume trois pièces. C'est jeune, c'est un peu flippant, c'est surtout supra ambitieux (ce que ses supporters acclament comme une vertu), c'est le self-made man ultime, et même ses trahisons politiques seront bientôt acclamées comme "good business". Sans même parler de ses idées hein, même si elles auront (esperons-le) peut-être comme effet de remettre la phrénologie au gout du jour. Ca et puis, l'immigration choisie vous a comme un vieux goût d'Ellis Island, non ? (Apparté : Que j'aime cet euphémisme, "immigration choisie", vous pouvez pas savoir. Un peu comme si on appelait un camp de concentration (déja un euphémisme, à la base) une "Zone de rééducation par le travail", voyez ? On dira ce qu'on voudra, oser se foutre aussi ouvertement de la gueule du monde, ca suppose la possession d'une paire de couilles au volume plus que remarquable et d'un fort beau gabarit. Fin de l'apparté)

Mitterand était l'incarnation de l'exception culturelle bien profonde : cultivé à en crever, corrompu jusqu'à la moelle, magouilleur, élitiste de gôche, la petite bourgeoisie franco-française mise sous verre. Chirac était déja moins politicien, déja plus industriel/technocrate - dans sa jeunesse, il ressemblait à un Concorde. Mais il vouait encore ce culte un peu malsain à De Gaulle qui le faisait l'imiter, c'est à dire dire toujours merde à Washington juste parce que, avant de chercher une vraie raison. On peut voir ca comme un bien ou un mal, ca n'a pas d'importance : à travers lui, la France était encore différente.

Mais là, on se retrouve donc un petit parvenu plus ou moins inculte qui a promis de dire oui-oui si jamais l'Amérique avait besoin de nos canons. Et qui s'est fait élire sur... l'insécurité. Or l'insécurité n'existe pas, ou plutôt, elle a *toujours* existé. Les banlieues ont toujours été moisies, les fils d'ouvriers ont toujours foutu le bordel, la seule différence c'est qu'avant ils avaient encore un peu de sens esthétique (oui parce qu'avouez qu'un blouson noir clouté et une Harley graisseuse, c'est un tout p'tit peu plus intimidant qu'un survet jaune fluo et un Nokia. J'dis ca, j'dis rien). Mais l'insécurité, le besoin de lutter contre l'Autre, l'Envahisseur et les gangs de L.A., c'est surtout le grand moteur scénaristique comme politique (mais les deux sont si proches...) américain, surtout post 9/11, développé et surjoué à mort par Hollywood, par CNN, par HBO. Donc, dont on prend les séquelles dans la gueule 24/24. Ca a marché pour Geobbels, ca a marché pour Doublevé, pas de raison que ca marche pas ici non plus, vous me direz. Donc, c'est pas un point spécialement important de mon argumentaire, OK. C'est juste troublant comme coincidence, moi j'dis.

La vérité, c'est que la France n'a pas vraiment changé, en fait. On se moque toujours de "ces gros boeufs de ricains", et ca n'est toujours pas percu comme du racisme et/ou de l'ethnocentrisme bas de gamme même si moi, personellement, ca me donne envie de coller des drop kicks. On reste toujours autant des branleurs qui croient nettement plus au jeu des relations qu'au travail acharné, on a toujours l'hégémonie mondiale et non disputée sur le pédantisme culturel, artistique et culinaire, et mon buraliste me fait toujours autant la gueule (mais moins depuis que j'ai plus de cheveux, maintenant que j'y pense). Alors, quoi ? Qu'est-ce que tu nous fais chier avec ca Kobal ?

Alors je m'explique justement pas pourquoi on a élu un américain. Ou plutôt, je me demande si c'est un symptôme, le stigmate d'un changement qui ne m'apparait pas évident par ailleurs, ou si au contraire ca va etre la CAUSE d'un changement vers une pensée plus... enfin moins... enfin tu vois, quoi ? Non ? Ah bon.

Enfin bref, asi es ma vida loca.