24.1.07

5:42 AM : Tant pis pour le fou qui gît

Je me souviens encore de ce voyage de classe à Florence, organisé pour l'unique raison que notre prof d'histoire (ce cher, cher monsieur Citron) y avait un vieux pote guide, qu'il avait envie de le revoir, et aussi de vacances. Pour vous donner une idée du personnage, c'est un prof qui nous avait dit en début d'année "je vous préviens, on fera aussi peu de géo que faire se peut, parce que ca m'ennuie, la géo.". Et qui passait bien un cours par semaine à discuter cinéma avec nous. J'aimais beaucoup monsieur Citron, aimable glandeur, adorable original, le seul prof au *monde* à avoir manqué deux semaines de cours parce qu'il s'était ouvert le crâne contre le mur de sa salle de classe, en se balancant de sa chaise. Il avait une moustache à la Brassens, et si j'avais été un peu plus vieux (c'était en classe de 4eme) j'aurais probablement été pote avec - j'ai peur que l'admiration n'ait été un peu unilatérale en l'occurence. Je regrette, un peu. Je me demande ce qu'il est devenu, d'ailleurs - il a pris sa retraite quand je suis arrivé en 2nde. Il est probablement mort à l'heure qu'il est.

Mais je m'égare vachement, encore, dans les chemins de ma mémoire. Toute cette intro était là pour introduire le guide en question, celui du voyage à Florence. Un vieux monsieur aux yeux rieurs, qui fumait la pipe en marchant à grand pas (l'odeur d'Amsterdamer collée à lui comme un parfum, sucrée, caramel), qui parlait de Michaelangelo, des princes mécènes et de leurs courtisans comme s'ils étaient au présent, comme s'ils étaient des vieux amis à lui. Je me souviens plus du tout de ce qui lui avait amené la réflexion, mais je me souviens qu'il nous avait dit un jour que "vous savez, mes enfants, le temps c'est comme une cassette. Au début quand la bobine est encore pleine, elle tourne très lentement, et puis plus elle se dévide, plus elle va vite". Je me souviens qu'à l'époque j'avais trouvé que c'était un cliché de vieux, enfin un regret de vieux plutôt. Je pensais qu'il voulait nous dire de profiter de nos jeunesses, bla bla bla, tu te rends pas compte de la chance que t'as. Ce qui, entre nous, s'apparente vachement à "mais t'as pourtant tout pour être heureux", comme phrase (non, non c'est pas flatteur).

Tout cela m'est revenu cet Hiver, quand j'essayais de m'expliquer ce qui n'allait pas. Ma cassette tourne trop vite, voilà ce qui ne va pas. "Je la rappelle demain" et c'est déja Février. Trop de choses à faire, trop de gens à voir, à envie de voir même, et ziiiip, c'est déja Février. Comment ça se fait ? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire... non, plutot, mais ôù a bien pu passer mon mois de Janvier ? Et ceux d'avant, tant qu'on y est ? Tenez, ca fait 15 jours depuis mon dernier post, et j'ai l'impression que c'était lundi.

Oui, j'ai bien conscience de la grande, grande pénurie d'originalité de cette réalisation-là. N'empêche, c'est aigu, depuis quelques mois, ce feeling de temps qui tourne trop vite. Et je n'ai que 25 berges. Je me demande à quelle vitesse tournait la cassette du guide, quand j'en avais 13.

Enfin bref, asi es ma vida loca.

And I'm losing my favourite game
You're losing your mind again
I'm losing my favourite game
You're losing your mind again

The Cardigans - My Favorite Game


13.1.07

4:18 AM : Embièré

Marcher de nuit, vite, vite, sous les néons blafards comme chantait l'autre. Lueurs vertes des feus rouges (étonnament), des passages piétons. A 3 heures du mat', tout est piéton, rien dans les manches, rien dans les rues, rien que les taxis en maraude, vampirisant les rues de leurs derniers zombis, pour rentrer chez eux au plus vite. Rire & Chansons est de rigueur dans leurs habitacles non-fumeurs.

Et moi qui marche, qui marche vite, à m'en péter les reins, à en avoir mal aux ovaires, cet endroit du ventre qui fait mal quand on vous serre les couilles. Et qui gueule, gueule, gueule encore, saoul pas comme un polonais mais qui aimerait bien, parce que rien n'est plus joyeux qu'arpenter Paris pété comme un cochon polack en beuglant du nwardez ou du soldat louis. Chansons d'ivrogne. Rues inconnues, même si c'est ton quartier, à 6' du' c'est plus ton quartier. Personne dehors, à part quelques attardés qui pressent le pas, baissant la tête, des fois que tu serais dangereux, ou des dangereux qui te font baisser la tête. Plein de cloches, aussi, qui te tapent dix ronds, à qui tu tapes des clopes. Qui se foutent de ta gueule, mais c'est de bonne guerre : de jour, c'est toi qui te fous de la leur.

Hiver, été : y'a bien que la nuit qui ne change jamais. Passé minuit, Paris est en stase, jusqu'aux éboueurs de 5h, quand proverbialement Paris s'éveille. Ces cinq petites heures sont un havre de noctambules (par définition, de noct- la nuit, et ambulare, se ballader) qui n'ont jamais rien à voir avec le jour s'ils peuvent l'éviter. Reposant. Calme. Paisible. Mais, étrangement, plus fort aussi. La nuit est moins nombreuse, moins cohue, moins de pieds sur lesquels faire attention à ne pas marcher, moins d'oreilles à chanter mezzo vocce pour ne pas irriter. Dans la mer des rues de quartiers bourges, où l'on se couche après le film de 20h30, la nuit est un pont vers une époque utopique, qui n'a jamais existé, où l'on était moins. Où le monde était encore vivable. Où l'on pouvait encore être quelqu'un.

Enfin bref, asi es ma vida loca.

Survivre en ennemis
De tout c'qui nous condamne
Rebelles et insoumis
Loins du monde qui nous damne
Survivre en ennemis
Pour la mer et les femmes
Seuls maitres de nos vies
Seuls maitres de nos ames !

Soldat Louis - Survivre en ennemis


10.1.07

10:33 AM : signé : Ardulace, Defiler 53 (retired)

Juste une note, au passage, en passant (oui, comme Goldman, c'est ça, mais avec plus de gros mots) cette semaine que je croyais être de vacances et que je viens de comprendre qu'en fait, non, mais ca le sera quand même parce que je vais pas revoir mon planning *juste* parce qu'il est faux.

Oh, et pour faire tourner cette chanson qui, selon Elle, a déja fait le tour du net, mais je dois être devenu aussi casanier de la souris que des pieds alors je l'avais loupée. C'est censé être rigolotendre, allez savoir pourquoi, elle me rend d'une tristesse... Mais elle est jolie (t'aimerais la connaitre bibliquement...ah zut, pas le bon chanteur), je peux pas le nier. Enfin voilà : j'aime beaucoup, même si elle me donne envie de m'immoler par le port USB. Une sorte de chanson_requiem_for_a_dream.

Enfin bref, asi es ma vida loca.


6.1.07

12:48 PM : Pacifisme militant

A good soldier is a blind, heartless, soulless, murderous machine. He is not a man. His is not a brute, for brutes kill only in self defense. All that is human in him, all that is divine in him, all that constitutes the man has been sworn away when he took the enlistment roll. His mind, his conscience, aye, his very soul, are in the keeping of his officer. No man can fall lower than a soldier—it is a depth beneath which we cannot go. - Jack London

Il est de ces héros de guerre modestes, ou de ces vétérans coupables, qui, racontant leurs souvenirs de guerre, non pas pour la gloire des médaillés préhumes, mais simplement pour dire ce qui s'est passé, ce qu'il leur est arrivé ; il est des dialoguistes de films de guerre, il est des politiciens qui tenteront d'excuser, sinon de justifier, le meurtre d'un autre homme (d'un ou de mille, c'est la même chose. Il n'y a que le premier pas qui coute, dit-on) par cette phrase : "c'était lui ou moi". Si je ne l'avais pas tué, lui m'aurait tué, alors je n'avais pas le choix.

A cela je réponds : ta gueule, connard. Arrêtons cinq minutes de se concentrer sur l'évenement "Charlie charge hors de la jungle, baïonette en avant, droit sur mon coeur". Et avant ça ? Qui a accepté d'être posté aux abords de cette jungle, qui a accepté l'uniforme avec la certitude, ou peut être l'espoir maladif et presque religieux qu'on n'aurait pas vraiment à tuer quelqu'un, qui a abdiqué son propre interêt, et son propre intellect, en acceptant de porter un fusil ? Qui a, somme toute, jugé intrinsèquement qu'il était préférable de tuer un homme ou mille plutôt que de subir exil, prison, ou simple opprobre publique ? Pire, qui a jugé nécessaire (ou même acceptable) que son pays entre en guerre, parfois par simple intérêt personnel, beaucoup plus souvent par ignoble patriotisme, qui a autorisé et partant sanctifié cela ?

C'est toi. Alors ne nous sert pas de "lui ou moi", parce que tu as toujours eu le choix, tout du long. Le responsable, ce n'est pas le marchand de canon, ce ne sont pas les politiciens, ce n'est pas le zeitgeist, ce n'est pas l'ennemi, ce ne sont pas les circonstances et ce n'est pas le monde dans lequel on vit. C'est toi, et juste toi. Appelle ca lacheté, apathie, courage, devoir, paresse, orgueil, facilité, intérêt, fierté, connerie - appelle ca ce que tu veux. Tout, tout, sauf fatalité. (NdK : et ça, si ca vaut pour un extrême pareil, ca n'en vaut pas moins pour des "fatalités" plus ordinaires.)

As a side note : quelque part, il y'a d'ailleurs une horreur bien singulière à la guerre moderne et "civilisée", en ce sens où aux soldats d'aujourd'hui, on demande de comprendre et d'approuver la guerre qu'ils font. On leur fait croire (ou comprendre, si tu es un soldat orgueilleux) que c'est dans leur propre intérêt, celui de leurs proches, de leur pays. La barbarie avait au moins cela d'honnête qu'aux paysans que le seigneur alignait à grands coups d'épée au train pour que les seigneurs d'en face puissent s'amuser un peu, on ne leur demandait ni leur avis, ni d'aimer ça. Enfin, je dis moderne, mais les Grecs et les Romains eux aussi étaient coupables de cette aberration, à ceci près, peut-être, qu'eux la faisaient, leur guerre patriotique. Les intérêts supérieurs de la Cité, même les riches y avaient droit. Mais même en tenant compte de cela, est-ce bien raisonnable ? J'avoue ne pas comprendre - ne pas vouloir comprendre, même.

Enfin bref, asi es ma vida loca.



8:53 AM : Freude, Schöner Gotterfunken, Tochter aus Elyyyyysium...

Enfin ! Il n'aura pas fallu moins de deux voyages a Surcouf, une période_de_fêtes_en_famille (bandant comme une fête de famille, avec le cadeau bonus suprakikoolol d'être oncle, voila, ca y'est... bad trip²), deux jours d'install/reinstall/re-re-re-re-reinstall (et encore un voyage à Surcouf à faire, qui pis est), j'ai récupéré un boulier en état de marche. En bon état de marche. Plus rapide, plus séduisant, le Coté Obscur fait machine en somme.

C'est bizarre, mais je crois que j'en aurais plus profité si il n'avait pas été si douloureusement pénible de chez pénible à remettre en marche. Voila que j'ai un bureau windows tout neuf tout clean, et aucune envie de me remettre à quelque truc que ce soit, malgré la joie simple d'avoir enfin réussi à bricoler, et que ca marche. Il y'a dans l'informatique un petit côté Mecano (les legos, pas la chanteuse) qui me réjouit toujours simplement. Faire quelque chose en voulant faire quelque chose de précis, et y arriver tout seul. Quelque chose qui manque cruellement à ma (la ?) vie en général.

Je pensais aussi que la période sans PC du tout serait plus douloureuse, comme elles l'ont toujours été par le passé (rien de tel que de n'avoir plus de net pour avoir immédiatement besoin d'info superurgentes). Et, comble du détachement, j'ai un instant considéré formater les vieux durs, avec tous les vieux logs, mails et textes dessus, sans éprouver de panique débilitante ni de coup à la poitrine. Plus ca va, plus j'm'en fous, de tout, de ces chaines qui pendent à mon cou, tout ca tout ca. Je sais pas si c'est une bonne chose. D'un point de vue Bouddhiste, sans doute, mais ca me chatouillerait moins la glande à what-the-fuck si je l'étais, bouddhiste. Etre un avec l'Univers c'est bien joli, mais quand est-ce qu'on baise, je vous le demande ?

A vrai dire, je regretterais presque de l'avoir remonté, ce PC. Non, parce qu'en son absence, je m'étais remis à la vie sociale, un peu. Enfin j'y avais pensé, quoi. Et là, je *sais* que je vais redevenir une moule collée à son rocher d'ici quelques semaines. Enfin, pour le bien que j'en ai jamais tiré, de la vie sociale...

A part ça, vous pouvez pas savoir le nombre de posts que vous avez manqués pendant ces semaines de silence informatique. Etre seul, et etre sans came haut débit m'a fait réfléchir et repenser. C'était bien. C'était rassurant au moins sur ce point : je ne suis pas cassé, je suis en pause, tout simplement. Hmmm ? Oui, oui, je disais juste ca pour foutre la haine aux trois lecteurs qui restent, cela va de soi.

Enfin bref, ca m'étonnerait un p'tit peu que 2006 passe l'hiver.